Le Billet de Philippe : aujourd’hui « La tour de l’horloge restaurée »

Au cours de l’année 2019, la Tour de l’Horloge de Meyrueis a bénéficié d’importants travaux de restauration, rendus nécessaires par l’état de vétusté des parties hautes de cet édifice. Sise à l’angle de la Place Sully, cette tour, pièce maitresse des anciens remparts, domine le confluent de la Jonte avec le Béthuzon. Elle est le monument emblématique de la cité et reste très chère au cœur des meyrueisiens.

La Tour de l’Horloge :

L’édifice actuel fut érigé en 1568 (date gravée sur un linteau de fenêtre).  Lors du déclenchement des Guerres de Religion, les consuls décidèrent de renforcer des fortifications médiévales de la cité devenue un bastion des Cévennes huguenotes, face aux Causses demeurés catholiques. Ils firent notamment reconstruire cette grosse tour d’angle des remparts, qui servait aussi de Maison de Ville. Ils y firent replacer l’horloge et la cloche communale qui avaient été installées vers 1450 sur la tour précédente.                        

           Endommagée au cours du siège de la ville en mai 1628 par le duc de Rohan, la tour et son campanile furent restaurés en 1634. Une cloche neuve fut suspendue dans une cage de ferronnerie architecturée, fixée au sommet d’une tourelle carrée couronnant un toit de lauzes de schiste en faible pente. 

            Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, la tour abrita le greffe et la salle des délibérations du Consulat ainsi que l’unique cachot de la prison communale.

            Après la Révolution de 1789, la tour fut louée en habitation et un commerce en occupa le rez-de-chaussée. Seule l’horloge et le campanile restèrent les signes visibles de son ancien statut de bâtiment public. 

            En 1894, un incendie ravagea l’intérieur de la tour, détruisit la toiture, fragilisa le campanile et  endommagea gravement l’horloge. Une campagne de restauration fut alors entreprise. 

Une terrasse, établie sur des voûtains de briques et couverte de feuilles de plomb, remplaça le toit. Une rangée de créneaux, assise sur une arcature en encorbellement couronna le bâtiment tandis qu’une tourelle carrée  surmontée du campanile recevait le mécanisme de l’horloge.

      En 1920, la municipalité mit fin à la vocation locative de la tour et l’affecta à l’Office du Tourisme qui depuis, en occupe le rez-de-chaussée

           Enfin, dans les années 1980, l’aggravation de graves désordres architecturaux constatés depuis plusieurs années, nécessita d’importants  travaux de consolidation et de restauration d’urgence. Après une longue période de latence, une dernière tranche de rénovation de la terrasse et du campanile conduite en 2019 vint achever ces opérations, assurant la pérennité du bâtiment.

Le Campanile :

L’ancien campanile, très abimé par l’incendie de 1894, fut démonté et remplacé par un nouvel ouvrage qui s’en inspirait fortement. Malheureusement, nous ignorons tout du ferronnier qui réalisa le nouveau clocher. L’ensemble des travaux fut terminé en 1897 (date inscrite sur la girouette, avec les armes de la ville).

            De plan carré, orné d’arcades et de volutes, cet ouvrage s’inscrit dans la grande famille des  campaniles municipaux très fréquents en Languedoc et en Provence. Ces beffrois en ferronnerie sont des éléments marquants du paysage urbain du sud de la France. Rares sont les communes qui en sont dépourvues. Au delà de leur fonction utilitaire, ces clochers symbolisaient l’autonomie municipale acquise au cours des siècles, vis-à-vis des pouvoirs seigneuriaux ou ecclésiastiques. 

      En mars 2019, le campanile de 1897 a été déposé et transporté à Mende afin de subir une restauration  totale en atelier, tandis que la cloche était mise en lieu sur. En octobre 2019, l’ensemble de ces éléments  ont retrouvé leur place sur la tour. 

L’horloge :

             La première mention d’une horloge communale dans les archives remonte à 1452 « Del 2 de mai de 1452,  balhat 2 sols e 3 diniers a En Jaume Ferran, fabre, per adobar lo relotge de la vila » (2 mai 1452, donné 2 sous et 3 deniers à sieur Jacques Ferran, forgeron, pour arranger l’horloge de la ville –  Livre des comptes du Consulat 1450/1455, archives privées famille de Campredon).

            Au 17° siècle, un nouveau mouvement fut installé, mais nous ne savons pas si c’était celui encore en place au moment de l’incendie de 1894. Jusqu’alors, l’horloge étant dépourvue d’aiguilles, seule la cloche donnait l’heure. 

            La restauration de 1897 vit la pose d’une horloge neuve, munie de cadrans de grandes dimensions, visibles de loin. 

 A partir de 1898, grâce à la mise en place d’un réseau d’éclairage électrique public dans le village, ces cadrans furent illuminés, de la tombée de la nuit jusqu’à minuit… 

             Enfin, lors des travaux des années 1980, l’ancienne horloge mécanique fut remplacée par un équipement électronique fourni par les établissements Poitevin, d’Alès (Gard). 

Malheureusement, l’ancien mouvement déposé n’a pas été conservé par les services municipaux.

La Cloche :

             De belles dimensions et d’un poids de 585 kg, cette cloche a survécu sans dommages à l’incendie de 1894. Elle est datée de 1634, époque où elle fut installée sur la tour. Payée par la communauté protestante, elle servait à la fois aux besoins du culte (le temple, bâti en 1575, se trouvait derrière la tour qui lui servait de clocher) et à l’horloge communale. Elle sonnait aussi pour convoquer le Conseil du Consulat, l’assemblée générale des habitants et le tocsin en cas de danger ou d’incendie. Pour l’anecdote, notons que jusque vers 1945, le garde champêtre la faisait sonner pour convoquer les réunions du Conseil Municipal.

Cette cloche est inscrite à l’Inventaire des Monuments Historiques au titre des objets mobiliers.

      Selon la tradition  protestante, on a inscrit sur ses flancs un verset de l’évangile selon saint Marc au lieu  

      d’une invocation aux saints ou à la Vierge,. On peut donc lire, juste sur l’épaule de la cloche : 

      « Veillez et priez car vous ne scavez quand le  maistre viendra, le soir, à  minuict  ou au    

         matin lorsque le coq chante » –  Marc XIII – 1634  (Evangile de St Marc : chapitre 13 / verset 35)

   Lors de la Révocation de l’Edit de Nantes, cette cloche, jadis hérétique, se devait d’être consacrée selon les formes du rite catholique.

             De belles dimensions et d’un poids de 585 kg, cette cloche a survécu sans dommages à l’incendie de 1894. Elle est datée de 1634, époque où elle fut installée sur la tour. Payée par la communauté protestante, elle servait à la fois aux besoins du culte (le temple, bâti en 1575, se trouvait derrière la tour qui lui servait de clocher) et à l’horloge communale. Elle sonnait aussi pour convoquer le Conseil du Consulat, l’assemblée générale des habitants et le tocsin en cas de danger ou d’incendie. Pour l’anecdote, notons que jusque vers 1945, le garde champêtre la faisait sonner pour convoquer les réunions du Conseil Municipal.

Cette cloche est inscrite à l’Inventaire des Monuments Historiques au titre des objets mobiliers.

      Selon la tradition  protestante, on a inscrit sur ses flancs un verset de l’évangile selon saint Marc au lieu  d’une invocation aux saints ou à la Vierge,. On peut donc lire, juste sur l’épaule de la cloche : 

      « Veillez et priez car vous ne scavez quand le  maistre viendra, le soir, à  minuict  ou au    

matin lorsque le coq chante » –  Marc XIII – 1634  (Evangile de St Marc : chapitre 13 / verset 35)

Lors de la Révocation de l’Edit de Nantes, cette cloche, jadis hérétique, se devait d’être consacrée selon les formes du rite catholique.

En décembre 1685, le père Hyacinthe, jésuite recteur de la paroisse et du collège de Meyrueis se hissa jusqu’au sommet de la tour, pour procéder aux cérémonies. Conformément à la liturgie en vigueur à cette époque, le prêtre administra vingt coups de verges à la cloche pour la punir d’avoir appelé les 4 à un culte désormais proscrit, avant de la baptiser solennellement sous le nom de « Louise-Marie », prénoms très emblématiques de la royauté et du catholicisme. 

Cependant, par la suite, les prêtres ne trouvèrent aucun artisan qui accepta de graver ce prénom sur la campane, prétextant que cette opération risquait de l’endommager. Ce refus opiniâtre fit tomber très vite ces noms de baptême dans un oubli total.  

Lors de la Révolution Française, la cloche fut enregistrée dans le patrimoine mobilier municipal, ce qui la sauva de la réquisition générale qui conduisit des milliers d’autres campanes d’église vers les fonderies de canons. Depuis lors, malgré les événements politiques, les sinistres et autres problèmes techniques elle a continué, sa mission de régulation du temps et d’alarme jusqu’à la fin du XX° siècle. 

     En cette année 2020, la cloche a retrouvé une tour et un campanile rénovés et consolidés.

     Depuis 386 ans, elle rythme  les heures de la cité avec fidélité et régularité, souhaitons que les futures   générations de  meyrueisiens puissent entendre encore longtemps sa puissante voix et lire l’heure aux  cadrans de leur chère horloge 

Philippe CHAMBON – janvier2020

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